Dans la famille Chedid (voir notes précédentes), Wies, une lectrice de ce blog, nous invite à découvrir un poème de la grand-mère Andrée Chedid. Merci Wies !
(d'autres poésies d'Andrée Chedid ici)
Navigation des hommes
Doublant rocs et lacis
ou remontant les canaux tranquilles
Stagnant à en mourir
ou chevauchant les tumultes
Dérivant sur l'eau plane
Affrontant les rafales et les volte-face du temps
Nous naviguons dans ['aujourd'hui
vers nos ombres futures
Aux racines du rêve
et dans la chair gourmande
Encordés aux mots à l'affût des étoiles
Nous naviguons vers l'illusion de jardins accomplis
Lorsque rien ne s'achève que les buts nous trahissent que les havres nous fuient
Aveuglés de présent
Oublieux de l'ultime hâte
Nous naviguons vers la gorge
où fermentent prochaines vies
Livrant membres et viscères aux entrailles du monde
Déversant nos visages dans l'anonyme face
Diluant nos mémoires dans l'infinie mémoire
Où l'univers se redit.